Le 13 juin 2010, le frère Jean-Louis Sohet a été ordonné prêtre en la cathédrale de Strasbourg. Quelques mois après, il nous partage sa méditation sur cet événement et sur le ministère qui lui a été confié.
Le Règne de Dieu s’est approché de nous. Telle est la bonne nouvelle d’un Dieu qui se fait tout proche de l’homme, jusqu’à prendre notre humanité. Par ses paroles et par ses gestes, par toute sa vie et par sa mort sur une croix, Jésus nous révèle le vrai visage du Père. En rompant le pain, Jésus annonce un monde nouveau. En chassant les démons et en guérissant les malades, en implorant le pardon du Père lorsqu’il est suspendu à la croix, il annonce le pardon de Dieu offert à tout homme qui consent à l’accueillir.
Il n’y a pas d’autre révélation des secrets de Dieu que la vie de l’humble Galiléen. Encore aujourd’hui, Dieu continue à se révéler dans les gestes de compassion et de partage, dans l’attention aux autres et le don de soi par amour. Le Règne de Dieu inauguré dans la personne de Jésus n’a pas pris fin au vendredi saint. Sa puissance d’amour, par la résurrection et l’action de l’Esprit-Saint, est de manière nouvelle à l’œuvre au cœur de notre monde.
Beaucoup cherchent Dieu là où il n’est pas, dans quelque expérience exceptionnelle, alors qu’il ne cesse de se dire humblement dans la vie ordinaire des hommes, dans la lumière ou dans la grisaille des jours. Il devient la Vie de la vie des hommes. Saint François ne cesse de s’émerveiller devant Celui qui chaque jour vient à notre rencontre sous l’humble aspect du pain et du vin.
Le 13 juin dernier, la cathédrale de Strasbourg, qui accueillait l’ordination de 10 nouveaux prêtres (huit diocésains, un serviteur de Jésus et de Marie et un capucin) était habitée non pas de quelque triomphalisme de surface mais de cette joie profonde. Dieu ne cesse de visiter son peuple et de se rendre présent au milieu de lui. Je n’oublierai jamais cette joie profonde du peuple de Dieu, des frères et des sœurs debout pendant plus de trois heures au fond de la cathédrale dont les places assises ne suffisaient pas. Joie qui se laissait pour ainsi dire toucher ce jour-là.
Si Dieu donne des prêtres à son Église, ce n’est pas d’abord pour "faire tourner" l’institution, mais pour signifier qu’il ne cesse de prendre soin de son peuple par le don de sa Parole et des sacrements. Devenir prêtre aujourd’hui c’est d’abord consentir à me laisser configurer au mystère du Christ humble et pauvre et, comme le dit si bien la liturgie de l’ordination, à conformer ma vie au mystère de la croix. Il s’agit de dire ou de signifier humblement la présence du Ressuscité qui ne cesse d’accomplir ses merveilles au milieu de nous.
Après une année, comme diacre puis comme jeune prêtre, dans une paroisse populaire de Strasbourg, j’ai été envoyé dans une communauté de 10 paroisses rurales près de Haguenau (à une trentaine de kilomètres au nord de Strasbourg). Il s’agit pour moi de donner un coup de main à l’équipe pastorale, surtout le week-end. La semaine, je suis au couvent de Koenigshoffen et à la faculté de théologie de Strasbourg, travaillant sur Paul de Lagny, capucin français du XVIIe siècle, ardent missionnaire, maître des novices et auteur spirituel.
frère Jean Louis Sohet