1. L’Église indienne de 1830 à 1886
En 1830, l’état de l’Église en Inde est assez pitoyable. Le clergé goanais, appuyé par la monarchie portugaise s’attache farouchement au Padroado et à ses prérogatives (traité entre le Vatican, l’Espagne et le Portugal -1493 - qui confiait à ces deux royaumes un droit de patronage sur les missions catholiques, à charge à ces pays d’assurer le transport et la subsistance des missionnaires). En particulier il refuse obstinément de reconnaître les pouvoirs des vicaires apostoliques nommés par Rome. En 1835, les Congrégations religieuses sont supprimées sur ce territoire (248 religieux sont concernés). D’autre part ce clergé est très éloigné de la compréhension des langues et des coutumes indiennes, et il est souvent de faible qualité.
Les missionnaires ont beaucoup souffert des divisions et des guerres qui ont morcelé et ravagé le pays. Nombre de stations de mission sont anéanties. Les divisions entre pays européens ont aussi eu leurs répercussions sur les luttes d’influence en Inde et le recrutement des missionnaires. Il faudrait parler ici des difficultés soulevées par le pouvoir anglais, le protestantisme, l’islam et les cultures et coutumes traditionnelles.
Mais les circonstances changent et le pape Grégoire XVI, élu en 1831, va pouvoir en profiter et donner une nouvelle impulsion à la mission.
Quelques éléments de renouveau :
- Une plus grande facilité pour voyager et explorer le pays
- Le développement du mouvement missionnaire en France et en Europe
- La fondation de sociétés d’aide aux missions
- La création de nouvelles congrégations missionnaires
- Les nouveaux départs de missionnaires après l’apaisement des révolutions européennes.
Le pape Grégoire XVI (1830-1846) va soutenir et coordonner tous ces mouvements. Rapidement, il nomme de nouveaux Vicaires Apostoliques. Mais l’Église goanaise refuse de les recevoir. Malgré les efforts et les condamnations de Rome, rien ne bouge et c’est le "schisme de Goa", en 1840. L’administration anglaise n’est pas plus favorable et ignore ces responsables d’Église et la présence des Catholiques.
Malgré cela, l’apostolat progresse sur tout le territoire des Vicariats apostoliques. En 1845, les Missions Étrangères de Paris organisent un Synode à Pondichéry. D’autres religieux y participent. A la suite d’un rapport envoyé à la Congrégation de la Propagande, l’essentiel en est repris dans l’instruction Neminem profecto adressée à toute l’Église. Ce document et le mouvement créé par le Synode donnera une impulsion nouvelle et durable au mouvement missionnaire. Il précise aussi les orientations prioritaires de la Mission et insiste en particulier sur l’urgence de former un bon clergé indigène.
Dans ce but, des écoles, collèges et séminaires sont fondés mais surtout dans le sud. La rédaction des manuels et travaux de recherche est reliée à la culture indienne. En 1946, il y a 7 vicariats apostoliques : Goa, Maduré, Madras, Pondichéry, Calcutta, Patna et Ceylan.
C’est seulement le pape Léon XIII (1878-1903) qui, après de persévérants efforts diplomatiques auprès des Portugais et des Anglais, pourra résoudre le schisme de Goa. Le concordat de 1886 reconnait la juridiction des Vicaires Apostoliques nommés par Rome. L’archidiocèse de Goa ne garde son pouvoir que sur trois évêques suffragants. La même année, la hiérarchie est établie en Inde avec 8 provinces ecclésiastiques : Goa, Colombo, Pondichéry, Verapoli, Madras, Calcutta, Agra, Bombay. Il y a en outre 19 évêchés, 3 vicariats et 4 préfectures apostoliques.
2. Les Capucins dans le nord de l’Inde de 1800 à 1920
- 1 - 1800-1890
Il faudra attendre 1820 pour que la mission reprenne son développement.
En 1803, à la suite des difficultés au Thibet et dans le nord, le siège de la Préfecture apostolique de l’Hindoustan avait été transféré de Luknow à Agra. Le premier préfet est un Capucin piémontais. Celui-ci va d’abord rester 10 ans à Sardhana où une princesse indienne convertie au catholicisme a fait construire une église à côté de son palais.
En 1820, la Préfecture d’Agra est érigée en Vicariat Apostoliques
En 1845, les vicariats de Patna et Lhassa-Thibet sont créés
En 1880, érection du vicariat du Pundjab qui devient, en 1886, diocèse de Lahore
En 1886 également, Patna est érigé en diocèse d’Allahabad
En 1890, la province des Capucins de Paris accepte la mission du Radjpoutana.
- 2 - État en 1890
A cette époque, l’archevêché d’Agra a 24 frères de 6 provinces différentes habitant en 17 résidences. Le diocèse d’Allahabad, 35 frères dont 10 du Tyrol. Le diocèse de Lahore 17 frères dont 9 belges et 3 savoyards. Il y a quelques étudiants en formation, dont certains sont des Indiens.
- 3 - 1891 - 1921
En 1892, le père Bertran de Dangeul est nommé Préfet apostolique du Radjpoutana. Son ordre de mission demande d’accorder la priorité à la conversion des païens et à la formation du clergé indigène. Un certain nombre de missions ont été progressivement confiées à des provinces de l’Ordre : Toscane, Bologne, Belgique, Tyrol ou Paris.
En 1903, c’est le père Fortunat Caumont qui est nommé Préfet apostolique. Il est intéressant de noter que dans son rapport de 1908, il indique le détail des 3694 catholiques de son diocèse : 774 sont européens, 607 sont eurasiens, 893 Goanais, 613 Madrasi et 871 Hindoustanis.
De nouvelles circonscriptions sont créées régulièrement. Ces chrétientés vont continuer à se développer peu à peu. Écoles et séminaires sont fondés. Les prêtres diocésains prennent de plus en plus de places dans les diocèses. A Ajmer, ils finissent par remplacer les missionnaires et un évêque indien est nommé en 1949. Quelques missionnaires resteront sur place mais les plus jeunes partiront sur d’autres terrains d’apostolat, dont l’Éthiopie
(à suivre)
F. Dominique Mouly