La Mer Noire et la Mer Méditerranée échangent leurs eaux dans le Bosphore. Le nageur intrépide et vigoureux n’hésite pas à entrer dans l’un ou l’autre courant. Il préfère cependant la fraicheur tonifiante apportée du Nord. L’homme prudent et peut-être timoré ou fragilisé en sa santé se complait davantage dans la tiédeur quasi maternelle remontant du Sud. C’est cette variété qui fait l’agrément de la baignade. Ces eaux après s’être ignorées, croisées, frôlées, finissent parfois par se mêler et donner, en deux courants, une seule eau dans certains lieux privilégiés par la nature.
Cette eau a aussi une valeur symbolique. Elle représente notre vie tirant origine de deux sources que nous sommes : le Créateur et nous sa créature. Après avoir comme les eaux du Bosphore, fini par nous réconcilier, nous formons un milieu où se rencontrent le Don de Dieu et les efforts de l’homme pour finalement l’accueillir en une osmose dont Lui seul a le secret. Certains d’entre nous sont plus sensibles à notre apport personnel, d’autres au don gratuit du Seigneur. Les frères capucins sont les uns et les autres, à la fois effectifs et réceptifs, ou comme ils disent traditionnellement, actifs et contemplatifs, en une parole, “mixtes”.
Fr. Yvon Person