Les personnes consacrées ont reçu, pour le bien de l’Église, l’appel à une consécration nouvelle et spéciale, qui engage à vivre avec un amour passionné le genre de vie du Christ, de la Vierge Marie et des Apôtres. La vie consacrée est une suite du Christ spéciale, mémoire vivante du mode d’existence et d’action de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son Père et à ses frères. Cela comporte une communion d’amour particulière avec lui, qui est devenu le centre de la vie et source permanente de toute initiative. Il s’agit de s’identifier à lui, en ayant les mêmes sentiments et la même forme de vie. Il s’agit d’une vie saisie par le Christ, que la main du Christ touche, que sa voix rejoint, que sa grâce soutient.
Toute la vie de consécration ne peut être comprise que de ce point de départ : les conseils évangéliques (vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance) ont un sens dans la mesure où ils aident à conserver et à favoriser l’amour pour le Seigneur dans la pleine docilité à sa volonté ; la vie fraternelle est motivée par le Christ, qui rassemble autour de lui, et son objectif est de jouir de sa présence constante ; la mission est son mandat et elle incite à rechercher son visage dans le visage de ceux à qui on est envoyé, afin de partager avec eux l’expérience du Christ.
Telles ont été les intentions des fondateurs et des fondatrices des différentes communautés et instituts de vie consacrée. Tels sont les idéaux qui ont animé des générations de femmes et d’hommes consacrés. »
La suite du Christ est une réponse d’amour à l’amour de Dieu. Si nous aimons, c’est « parce qu’il nous a aimés le premier (1Jn 4, 10.19). Cela signifie reconnaître son amour personnel avec cette profonde conscience qui faisait dire à l’Apôtre Paul : « Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20).
Les vœux par lesquels les personnes consacrées s’engagent à vivre les conseils évangéliques confèrent tout leur caractère radical à la réponse d’amour. La virginité ou chasteté élargit le cœur à la mesure de celui du Christ et rend capable d’aimer comme il a aimé. La pauvreté rend libre de l’esclavage des choses matérielles et des besoins artificiels auxquels pousse la société de consommation, et elle fait redécouvrir le Christ, l’unique trésor pour lequel il vaut vraiment la peine de vivre. L’obéissance place entièrement la vie entre ses mains, afin qu’il la réalise selon le dessein de Dieu et en fasse un chef-d’œuvre. Il faut avoir le courage d’entreprendre une suite du Christ généreuse et joyeuse. »