La voie bonaventurienne : "Passer du monde au Père" (Évangile aujourd’hui, n°204, 32-40)

La voie bonaventurienne : "Passer du monde au Père"

André Ménard

Article extrait de la revue Évangile aujourd’hui, n° 204, 32-40

Il n’est pas évident pour nous autres, gens du XXIe siècle, d’entrer de plain pied dans l’œuvre d’un auteur du XIIIe siècle. Il y a bien sûr le temps écoulé mais aussi la distance culturelle : les changements intervenus dans l’image que nous nous faisons du monde et le renouvellement de paradigmes de nos interprétations.
À cela s’ajoute le foisonnement d’une œuvre pourtant très fortement structurée. Une pensée en étoile comme celle de Bonaventure offre de multiples entrées, mais celles-ci ne s’avèrent fécondes que si les points de vue sont ramenés à ce qui les tient ensemble : la donation primitive qui est aussi l’ultime destinée.
Trois pièges guettent le lecteur moderne pressé :
  Le vocabulaire bonaventurien comporte nombre de faux amis. Nous projetons sur les mots un sens différent de celui qui est voulu par Bonaventure.
  Les textes dont nous disposons sont en fait des plans de voyage. Ils suffisent pour que s’y retrouvent ceux qui sont familiers avec le paysage. Ce sont en fait des mémos.
  Il ne suffit donc pas de lire, il faut mettre en œuvre le texte. Il est essentiel de ruminer, recomposer, redéployer le texte, tester son
rayonnement, se familiariser avec sa lumière et ne pas avoir peur de prolonger. [...]

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