L’historien Pierre Moracchini a pris début janvier la succession du Fr. Claude Coulot Ofm à la tête de l’Ecole franciscaine de Paris. Membre du Tiers-Ordre franciscain, également père de famille, il nous partage aujourd’hui sa vision de l’Ecole, confrontée à de vastes défis.
Depuis sa création en 2011, l’Ecole franciscaine de Paris souhaite jouer le rôle d’interface entre le monde franciscain et le monde intellectuel français. Selon son nouveau directeur Pierre Moracchini, nommé en janvier dernier, il s’agit de « poursuivre humblement ce qui a été construit jusqu’ici ». L’historien reconnaît cependant une évolution nécessaire du centre de formation, qui lui permettrait de s’ouvrir sur le monde et de lui faire gagner en visibilité.
Ouverture à de nouvelles disciplines
L‘Ecole franciscaine, estime-t-il, doit d’abord élargir ses champs de disciplines. « L’enseignement de l’histoire prend pour le moment toute la place », admet Pierre Moracchini. « Nous devons rééquilibrer la formation en donnant plus d’espace à la théologie franciscaine et à la philosophie ». Une ouverture académique qui questionne le profil des intervenants - une vingtaine en moyenne à l’année – recrutés par le centre franciscain. « Lorsque nous avons lancé l’Ecole franciscaine, nous avions de très grandes exigences à ce sujet, mais elles étaient impossibles à tenir », concède Pierre Moracchini.
« L’enjeu est de travailler avec des personnes compétentes, qu’elles aient ou non un doctorat ; des personnes qui aient avant tout quelque chose à nous dire sur le franciscanisme ». L’Ecole franciscaine pourrait ainsi dans les mois à venir faire appel à des formateurs religieux et laïcs en dehors de la famille franciscaine, et aux profils académiques variés.
Un réseau à renforcer
Autre défi pour l’Ecole, celui de renforcer les interactions entre son public laïc et la famille franciscaine, notamment en dehors de Paris. « Il faut absolument développer les synergies », répète son directeur, rappelant que « nous sommes trop peu nombreux pour [nous] disputer ou agir chacun de [notre] côté. » Un grand nombre de chercheurs travaillent actuellement sur des thématiques liées à l’Ordre franciscain, et ne connaissent pourtant « aucun frère ou sœur franciscains en chair et en os ». De leurs côtés, les Franciscains, les Capucins ou encore les Clarisses ont besoin de se former intellectuellement et de connaître leur histoire, en interaction avec le monde de la recherche, explique Pierre Moracchini. « L’Ecole doit être ce lieu de rencontre entre ces deux mondes, nous avons tous à y gagner ! », affirme-t-il.
Nouvelle communication ?
Le développement de ce réseau implique que l’Ecole franciscaine gagne en visibilité dans les années à venir. Elle doit pour cela investir dans de nouveaux outils de communication, estime Pierre Moracchini, « ne serait-ce qu’une connexion internet efficace ». L’enjeu est d’importance : « Une bonne connexion, c’est rendre possible le distanciel, et donc rendre accessible nos formations aux communautés religieuses de toute la France ». Et Pierre Moracchini de rêver : « Pour l’avenir, il reste bien sûr beaucoup de choses à inventer ! Nous pourrions par exemple créer un prix récompensant chaque année le meilleur travail de recherche franciscain... tout est possible ! »