Pour que tout homme advienne en son identité (Marie-Abdon Santaner)


François d’Assise a été un homme particulièrement attaché à s’exprimer lui-même selon sa plus véritable identité. A une époque où tout ce qu’on mettait par écrit devait se rédiger en latin, il a composé en dialecte ombrien son Cantique de Frère Soleil. C’est avec lui que s’est inaugurée l’expansion de la littérature italienne. A ceux qui s’inquiétaient de savoir à qui ressembler pour devenir d’authentiques membres de sa fraternité, il proposait les noms de dix de ses compagnons choisis chacun pour un trait qui le distinguait de tous les autres. Devenir soi était à ses yeux plus important que de ressembler à quelque modèle, si prestigieux fût-il. Lui-même, contrairement à ce qu’on lui fait dire, n’a jamais envisagé de ressembler à Jésus Christ. Il se proposait uniquement d’en suivre les traces.

A l’appel de Jean-Paul II, des hommes aux identités religieuses totalement différentes n’ont pas hésité à se retrouver ensemble dans Assise. C’est bien parce qu’en présence de François aucune identité ne se sent ni soupçonnée, ni méconnue ni surtout niée. « Intérieurement purifié, illuminé et embrasé par le feu de l’Esprit » [1], François a été lui-même. Il permet aux autres d’être eux-mêmes également. Que les hommes se laissent « intérieurement purifier, illuminer et embraser par le feu de l’Esprit ». L’homme adviendra, en chacun d’eux, comme un être unique au monde. Telle est l’œuvre que poursuit l’Esprit au cœur de la vie !

Frère Marie-Abdon Santaner [2]

Notes

[1Saint François, Lettre à tout l’Ordre ; Prière finale.

[2Extrait de M.-A. Santaner, ofmcap, L’Esprit au cœur de la vie, Mediaspaul, Paris, 1997.