Un titre court qui tombe sans nuance, comme le couperet d’une guillotine. Soyons sûrs qu’avec le cinéaste Haneke nous n’aurons pas de scénario à la guimauve, ni d’amours bavards s’étalant embaume de douceur et de joie pendant deux heures.
Pourtant, il y a de quoi admirer cette mécanique parfaite des petits soins d‘un vieux couple de 80 ans, l’un pour l’autre, du mari Georges (Jean Louis Trintignant) pour sa femme Anne (Emmanuelle Riva) que des attaques cérébrales de plus en plus sévères cloueront au lit jusqu’à sa mort. Nous sommes aussi dans l’excellence d’une interprétation des comédiens au sommet de leur art. La minutie des attentions de Georges tendrement penché sur sa femme, protecteur jaloux de leur histoire commune, ne nous prépare pas à la surprise du dénouement. Il y a sûrement de l’amour dans ce couple modèle, en gestes et en paroles, et de l’héroïsme dans la patience de Georges. Mais notre déception est à la mesure de ce que nous avons espéré pendant presque deux heures. Sans doute ne peut-on pas exiger des autres ce que nous ne sommes pas certains de pouvoir endurer nous-mêmes à leur place. Mais on peut regretter que si l’amour demande plus de volonté que de sentiments, il soit mis en échec et se laisse submerger par l’insupportable. On ne peut donner à Anne et Georges, couple méritant, la palme du martyre, même si le festival de Cannes a donné à Michaël Haneke sa palme d’or 2012. Car on ne peut se faire justice soi-même et décider de la vie des autres.
F. Gilles Rivière, capucin