Ambroise de Lombez et la paix intérieure


Qui est Ambroise de Lombez ? Né en 1708 d’une famille de petite noblesse, Jean de Lapeyrie entra chez les capucins en 1724, où il reçut le nom d’Ambroise. Éminent directeur de conscience, sa réputation spirituelle le conduisit en 1765 au couvent de Paris que le ministre général voulait réformer. Il mourut en odeur de sainteté le 25 octobre 1778 près de Luz (Hautes-Pyrénées).
Très expérimenté dans les voies mystiques, Ambroise ramène sa doctrine spirituelle à la paix intérieure. Dans une société marquée par le jansénisme qui divisait les âmes en rigoristes ou laxistes, il prône la Paix comme signe du Royaume de Dieu établi en chacun. Épistolier fécond il écrivit, outre son Traité de la paix intérieure, celui de La joie de l’âme et quelques autres opuscules. Dans son Traité de la Paix intérieure dont on trouvera ci-dessous un extrait, il en montre l’excellence, les obstacles, les moyens d’y parvenir et les pratiques dans les divers états de conscience.

La paix intérieure affermit en nous le règne de Dieu

Toute notre piété ne doit tendre qu’à nous unir à Dieu par la connaissance et par l’amour, à le faire régner en nous par notre dépendance absolue et continuelle, par une fidèle correspondance à son attrait intérieur et à tous ses mouvements, en attendant qu’il nous fasse régner avec lui dans sa gloire.
Or, sans la paix intérieure nous ne pouvons posséder tous ces avantages que très imparfaitement : le trouble interrompt nos méditations ; alors notre âme affaiblie ne s’élève à Dieu qu’avec peine et les violentes secousses qu’elle souffre altèrent beaucoup en nous la tranquillité et la solidité de son règne.
Notre coeur est toujours son trône ; mais c’est un trône chancelant qui menace d’une ruine prochaine ; c’est son siège, mais un siège mal assuré où il ne peut trouver le repos. Ainsi le prophète dit que Dieu habite dans la paix. Ce n’est pas qu’il n’habite aussi dans l’âme du juste agité, mais il n’y est que comme étranger parce que la confusion qui y règne ne lui permet pas de s’entretenir familièrement avec elle et que l’agitation qu’elle souffre annonce que son séjour y sera de peu de durée.
Car une âme qui est encore violemment agitée n’est pas, pour l’ordinaire, solidement établie dans la justice ; mais celle qui s’est longtemps soutenue dans la paix est comme une maison établie sur le roc, à l’épreuve des orages et des vents : Dieu y fait sa demeure avec plaisir et avec assurance.
C’est cette maison qu’il veut qu’on lui bâtisse, où il puisse avoir une demeure fixe et permanente, peu satisfait d’habiter dans ces pavillons que l’on tend le soir et que l’on enlève le matin, qui flottent à tout vent et qui n’ont rien de solide : vrais symboles d’une âme que le trouble, varié à l’infini par toutes les passions qui le causent, rend toujours inégale et différente d’elle-même.
Les saints souffrent aussi quelquefois des tribulations dont les eaux pénètrent jusqu’à leur coeur ; leurs peines sont accompagnées de troubles et de divers mouvements, mais tous ces ébranlements ne sont, pour ainsi dire, que dans l’extérieur de leur âme ; la partie la plus intime jouit toujours de la paix ; Dieu n’est point agité dans l’intérieur de son tabernacle.