L’Esprit de Sagesse (Études Franciscaines, 1972, XXII, 62).

L’Esprit de Sagesse

Article publié dans la revue Études Franciscaines 1972, XXII, 62, pp. 111-127

La méditation sur le thème de la Sagesse est une constante dans l’œuvre de Bonaventure. Mais il s’agit chez lui de tout autre chose que d’un thème littéraire se prêtant à d’harmonieux développements. C’est au contraire une exigence de vie.
Toute sa vie, comme un véritable Hébreu, Bonaventure s’est efforcé de passer de ce monde au Père. Il a recherché l’Itinéraire de l’âme en Dieu et dressé la carte des élévations spirituelles. Il voulait amener ses frères à cet amour très ardent du Crucifié en qui s’effectue le passage de la sagesse de ce monde à la sagesse chrétienne. L’Itinéraire rappelle déjà que personne ne peut accéder auprès du Père sans passer par Jésus-Christ crucifié et sans s’approprier sa passion par la foi et la vie sacramentelle.
Ministre général des frères mineurs, Bonaventure a toujours accompli son œuvre pastorale avec courage et discernement. Les collationes de septem donis Spiritus Sancti, dont nous allons analyser deux passages, en sont la preuve manifeste. Il donne ses collationes au studium général de Paris où se trouve réunie l’élite intellectuelle de son Ordre. A ces intellectuels séduits par le foisonnement des idées nouvelles, à ces hommes tentés de s’enfler dans leur science, Bonaventure va rappeler la primauté de la règle de foi sur les recherches aventureuses, la primauté de la vie à la suite du Christ sur la vie selon le monde, la primauté de la divine folie sur l’humaine sagesse.
Bonaventure sait par expérience Futilité de la science, et le Ministre général ne renie rien de ce qu’avait accompli le maître régent. Bien mieux, il complète son œuvre et tire les leçons pratiques de sa conception de la théologie : une fois de plus, il rappelle que le savoir est ordonné à la pratique et qu’en définitive Dieu ne nous demandera pas si nous avons su pénétrer les secrets de la nature mais si nous avons su imiter son Fils.
Les deux passages que nous allons maintenant examiner nous ramènent au cœur du débat. Ils nous proposent de regarder d’où vient la sagesse et en qui elle établit sa demeure. [...]

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