L’épopée franciscaine en Inde (I)

I. Des chrétiens en Inde, jusque 1800


A partir de documents du service des Archives et de la Bibliothèque franciscaine des Capucins (Paris), le frère Dominique Mouly a rédigé un document de travail sur l’histoire de l’arrivée des franciscains en Inde. Nous en publions quelques extraits.

I. Des chrétiens en Inde, jusqu’à 1800

1. Goa de 1500 à 1800

Le cimetière d’Agra

Dans les années 1500, il y a déjà à Goa une chrétienté d’origine et de style portugais.
L’empire des Indes avec son vice-Roi à Goa, grâce au droit de "Padroado"" donné par Rome, la soutient. Des comptoirs portugais vont s’établir de plus en plus nombreux tout le long des côtes et parfois à l’intérieur du pays. Chacun aura un ou plusieurs chapelains portugais ou goanais. Ceux-ci restent habituellement dans les villes et ne pensent pas utile d’apprendre les langues et les usages locaux.
Cette chrétienté va pourtant se diversifier de plus en plus en fonction de l’étendue du territoire et de la diversité des personnes. Des divergences d’obédience canonique, surtout avec la venue de Religieux, vont aussi apparaître et seront source de difficultés et de luttes. Ainsi des missionnaires appelés par des évêques ou envoyés par Rome seront ardemment combattus par le clergé goanais. Le protectorat des nations européennes et les divisions entre indiens attiseront cette lutte et aboutiront à de vraies guerres et à des massacres.

En 1510, les Dominicains qui cherchent à aller vers l’Arabie et la Perse, arrivent en Inde.
En 1518, ce sont les Franciscains.
En 1533, Goa est promu évêché pour toute l’Inde et l’Asie centrale.
En 1548, arrivée de saint François Xavier. Suivent les Récollets, les Augustins, les Carmes. Les Capucins qui arriveront vers 1630 seront rejetés par le clergé goanais. En 1690, neuf diocèses dépendent de l’archevêché de Goa.

2. Le Maduré (pays Tamil) de 1600 à 1800

Quelques pères jésuites avaient bien vu que le christianisme

La cathédrale d’Agra

goanais, enfermé dans son particularisme culturel et sa coupure d’avec les langues et modes de vivre du peuple indien ne pourrait jamais atteindre les populations locales.
Le père de Nobili, jésuite italien arrivé à Goa en 1604 et missionnaire au Maduré consacra toutes ses forces à trouver des chemins d’inculturation et à fonder une chrétienté vraiment indienne.
Il eut à surmonter une très forte résistance de la part du clergé goanais et même de ses confrères. Après de longues luttes, en 1643, il reçut l’approbation du pape Grégoire XVI.
Ce combat devait reprendre à la fin du XVIIe siècle. Le martyr de saint Jean de Britto se situe dans ce contexte.

Cette chrétienté s’étendit progressivement et, en 1699, comptait 100000 chrétiens.

Les églises qui ont surmonté les immenses difficultés du XVIIIe siècle sont seulement celle du Maduré, celle de Goa et les chrétiens de saint Thomas.

3. Les Capucins français en Inde de 1626 à 1800

  • Pondichéry

    Les premiers Capucins à avoir pénétré en Inde sont six français venus à Pondichéry en 1632, comme aumôniers de la Compagnie commerciale française. Ils repartirent en 1634, lorsque cette branche de la Compagnie commerciale ferma.
    En 1626, un décret de la Congrégation de la Propagande confie aux Capucins français la mission d’Orient. Ce sont surtout des frères de la province de Touraine qui y partiront.
    Un groupe s’installera à Constantinople. Un autre fondera la custodie d’Alep pour la Syrie et l’Égypte. Alep servira de base de départ pour un troisième groupe destiné à la Perse. Il y a déjà des chrétiens Maronites en Syrie, mais l’Islam domine partout et s’oppose à la pénétration des missionnaires.

    Des frères s’établissent en fait en Perse dès 1628 et ils iront jusqu’en Inde. Arrivés à Goa en 1639, il sont refoulés par le clergé goanais.
    Deux frères gagnent Sourate et y font une première fondation. Une autre fondation est faite à Madras en 1642. Vingt ans après elle regroupe bon nombre de chrétiens. De là ils gagnent Pondichéry et y font une fondation en 1677. Mais l’évêché de Melliapour est proche et sous influence portugaise. L’évêque a demandé la venue de Jésuites. La situation est donc conflictuelle, mais les Capucins restent et Pondichéry sera préfecture apostolique en 1775.

    Entre temps les capucins continuent la mission et s’étendent. D’autres missionnaires font de même et Pondichéry est un carrefour de voyageurs de toutes sortes.

    Jusqu’en 1788, des Capucins français viendront, mais ensuite leur nombre diminuera rapidement. Des Capucins d’autres nationalités les remplaceront.
  • Le Thibet et Agra

    Des Jésuites et des Carmes ont commencé la mission au Thibet avec succès. Par ailleurs une préfecture apostolique du Thibet est érigé en 1704 et confiée aux Capucins d’Ancône. Mais les missionnaires sont
    enfants, Radjupoutana, vers 1900

    expulsés du Thibet et se replient sur l’Hindoustan.

    En 1781, des Capucins français arivent à Agra pour remplacer les Jésuites.

    En 1784, la Préfecture devient "Thiber-Hindoustan".

    En 1803, son siège qui était à Luknow est transféré à Agra.

    Les Capucins français vont peu à peu disparaître et seront remplacés par d’autres Capucins. Les Missions étrangères de Paris, fortement implantées à Pondichéry, joueront aussi un rôle. Mais c’est le déclin. Entre 1810 et 1820, il ne reste que trois missionnaires capucins pour cet immense territoire de la préfecture d’Agra
    C’est pourtant sur ces terres du Nord de l’Inde et à partir d’Agra que les Capucins de différentes nationalités reprendront le travail apostolique.


(à suivre)

aller à la seconde partie