La lettre aux princes angevins (1294)


Pierre de Jean Olivi (ou Pierre de Jean Olieu) est un frère mineur du XIII° siècle, et l’un des principaux inspirateurs du courant des Spirituels de Provence, figure marquante de l’histoire religieuse du Languedoc dans la deuxième moitié du XIIIe siècle. Il est l’auteur d’une lettre adressée en 1294 aux fils du roi de Naples, Charles II d’Anjou, qui étaient retenus comme otages par le roi d’Aragon, au couvent des Frères Mineurs de Barcelone. Dans cette lettre qu’il leur adresse, Olivi éclaire la signification de l’épreuve de la captivité qu’ils sont en train de vivre. Pour cela, il leur montre que l’événement de la croix de Jésus éclaire toute réalité. L’action de Dieu créateur et sauveur, la marche de l’univers, l’existence humaine, la vie de l’Église, relèvent de cette loi "impériale", "merveilleuse". Jésus lui-même a employé l’image du grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit. La contrainte, la captivité, l’exil, le néant précèdent la liberté et la joie. La vie est à ce prix qui est celui d’une éducation, d’un "amer enfantement". Cette loi, écrit Olivi, se retrouve aussi dans les différentes techniques : la médecine, l’art militaire, la construction, l’agriculture. Pour ce franciscain, la confrontation aux contraintes de la réalité, dans les plus modestes activités, permet de découvrir la vérité de l’existence.
Pierre Olivi s’adresse à des princes qui sont appelés à monter un jour sur le trône. Il les invite à voir dans leur expérience de captivité une possibilité qui leur est offerte de grandir dans leur capacité politique, de devenir des hommes libres qui oseront construire avec d’autres des « maisons communes ». On peut songer à ce qu’ont à vivre, comme Nelson Mandela il y a quelques dizaines d’années, les prisonniers d’opinion, les prisonniers politiques de notre temps.
La vie de Pierre Olivi, son enseignement théologique, montrent qu’il était un homme inconditionnellement attaché à la liberté de conscience, qu’il n’a d’ailleurs pas hésité à défendre contre les prétentions abusives du pouvoir pontifical.