Le 24 décembre, nous célébrions la messe au chœur des religieux. Tout brillait des lumières de Noël mais la plus brillante lumière entourait l’Enfant-Jésus en plâtre, presque grandeur nature, qu’on avait placé au milieu du chœur. A l’homélie, je parlais aux frères de ce grand don que nous faisait le Père en nous envoyant son Fils premier-né et soudain, une idée m’est venue : pourquoi ne pas faire passer l’Enfant-Jésus parmi les frères, demandant à chacun de le serrer un moment dans ses bras. Qu’est-ce que la vie consacrée, sinon le choix de faire don à Dieu, dans le Christ, de notre vie entière ?
Quel spectacle inhabituel de voir ces frères tenir l’enfant avec tant de précaution. Je regardais ces mains rugueuses, calleuses, marquées par une vie de travail au service des autres. Mains de maçons, de charpentiers, de mécaniciens ; mains plus fines et délicates, peut-être mains d’un frère portier ou mains qui avaient dispensé la miséricorde de Dieu. Certains d’entre eux avaient passé plusieurs années en mission et avaient construits des églises et des écoles ; ils avaient conduit des camions et les avaient réparés. Mains habituées au travail manuel et mains qui avaient égrené tant de chapelets.
Ils pressaient contre eux un enfant de plâtre qui les renvoyait à celui à qui ils avaient voué leur vies par la profession religieuse. A ce moment, à notre insu, toute une iconographie capucine était en train de revivre.
L’un de nos saints se signalait parmi les autres : saint Félix de Cantalice : je l’ai toujours vu représenté avec l’Enfant-Jésus entre les bras !
Fr. Mauro Jöhri, ministre général des Capucins, Noël 2006