Yves de Paris, fiche signalétique


YVES DE PARIS
(Charles de la Rue) 1588-1678

On se reportera à Bernard Chédozeau, Yves de Paris, dans le Dictionnaire de Spiritualité tome XVI, 1566-1575.

1. Vie

Il nait dans un milieu de petite noblesse de robe, reçoit une solide formation intellectuelle en Italie où il découvre Marcile Ficin et le platonisme qui le marqueront fortement. Après des études de droit à Orléans, il se retrouve avocat au Parlement de Paris (1610-1619). A la suite de la ruine de sa famille, semble-t-il, il se retire chez les capucins en 1620 est ordonné prêtre en 1632. Il écrit et publie beaucoup : défense du monachisme contre J.P. Camus ; en morale sociale résistance au pessimisme augustinien de Port Royal. A la fin de sa vie, il était devenu « comme un enfant, sans connaissance, sans mémoire, sans esprit ».

2. Œuvres principales

Les heureux succès de la piété, ou les triomphes de la vie religieuse… (Paris 1632)
La Théologie naturelle ou les premières véritéz de la foy…(4 vol., Paris, 1633-37)
Les Morales chrestiennes (4 vol., Paris 1638-42)
Des miséricordes de Dieu en la conduite de l’homme…(Paris 1645)
Le gentilhomme chrestien (Paris 1666)

Yves de Paris est surtout un moraliste et un apologète. Le seul de ses ouvrages qui relève proprement de la spiritualité s’intitule Les Progrès de l’Amour divin (4 vol., Paris 1642-1643). Il s’agit du dernier élément d’un triptyque dont les deux premiers s’intitulent La Théologie naturelle et Les Morales chrétiennes. L’ensemble est orienté à la conversion du libertin.

3. Appréciation

Bernard Chédozeau offre une présentation et une analyse des quatre traités composant Les progrès de l’amour divin et les situant doctrinalement dans le contexte des débats de spiritualité de l’époque :
« Ce qui frappe le plus dans la pensée et dans la spiritualité du capucin Yves de Paris, c’est l’absence de tout sentiment tragique en un domaine et à une époque où ce sentiment s’exprime chez tant d’auteurs écartelés entre les appels d’un humanisme renouvelé et fascinant et les exigences d’un théocentrisme farouche (et chez certain d’un christocentrisme doloriste) qui se radicalise au fil du siècle. Cherchant comme B. Pascal la conversion du libertin, le P. Yves choisit une voie aussi éloignée des analyses des augustiniens de Port Royal que de la spiritualité d’un mystique comme J.J. Surin, dont la vision est profondément tragique ; sa faiblesse est de paraitre n’avoir pas conscience des contradictions qui sont au cœur de la spiritualité de Pascal. » DS XVI, 1575

4. Sa place dans une anthologie capucine du XVIIème siècle

Nous ne pouvions manquer d’offrir un accès à un ouvrage sans doute plus ascétique que mystique (Chédozeau se demande à juste titre nous semble-t-il « si ce terme est pertinent à propos du P. Yves »). Reste un témoignage de la présence des Capucins dans les débats intellectuels du moment, de la diversité des figures capucines œuvrant au renouveau spirituel de l’époque et de la variété de leurs approches philosophiques et théologiques due à une formation culturelle souvent antérieure à leur entrée dans l’Ordre. A ces titres divers, nos capucins sont les témoins d’une tradition franciscaine, à situer dans le droit fil de la conjonction, chez les premiers franciscains, d’une « variété de positions intellectuelles » et d’ « un identique choix de vie ». Cf. François-Xavier Putallaz, Figures franciscaines. De Bonaventure à Duns Scot, Paris, Cerf 1997.