Philippe Bachet, frère capucin, curé de Villemur sur Tarn et des "Molex"


manifestation des "Molex"Pour Philippe Bachet, frère capucin, et curé de Villemur-sur-Tarn, président du comité de soutien aux salariés de Molex. « L’homme doit être au coeur du développement, et non pas un objet ».





Voir l’article de la Dépêche du midi du 7 novembre 2010, consacré à Philippe Bachet.

Le 10 mai 2009, Philippe répondait aux questions d’un journaliste de la Dépêche du Midi :

Vous n’avez pas hésité à faire sonner le glas et à dénoncer ouvertement les décisions de la direction de Molex. Pourquoi ces prises de position ?

Le cas de Molex est significatif de la crise que nous vivons. L’entreprise fondée il y a une soixantaine d’années par la famille Labinal a été rachetée il y a quatre ans par un groupe américain qui emploie 20 000 ouvriers dans le monde.

En fait, ils ont acheté les techniques mises au point localement pour les exporter aux États-Unis. À mon avis leur but ultime était de s’approprier les savoirs faire et de fermer l’usine.

Philippe Bachet, capucin, "curé des Molex"Que retiendrez-vous du conflit Molex ?

Le déficit chronique de dialogue dans les entreprises américaines. la rétention d’information a été permanente. Il a fallu que la justice tranche pour que les salariés puissent enfin lancer un vrai audit financier.

Vous intervenez au nom de la doctrine sociale de l’Église ?

J’y tiens. Molex est un exemple typique de la déshumanisation du travail. L’ouvrier n’y est plus considéré comme un homme mais comme un produit. Ce n’est pas acceptable. Pour la doctrine de l’Église à laquelle je ne cesse de me référer, l’ouvrier n’est pas une marchandise ; au contraire, l’homme est au cœur de tout processus économique. Cette doctrine n’est pas nouvelle, elle a été élaborée en 1870, en pleine révolution industrielle.

Elle remet en cause les principes du capitalisme ?

Le capital n’est pas intrinsèquement mauvais. Il faut de l’argent pour faire tourner la machine économique. Mais il n’y a pas de développement harmonieux de l’économie sans respect de la dignité et du savoir faire de l’homme.

Aujourd’hui, l’argent est devenu le moteur unique du développement. Mais la course aux profits financiers finit par tuer l’économie réelle. Inventer des produits virtuels uniquement pour faire encore plus de profits, ce n’est pas acceptable.

Vous êtes marxiste ?

L’Église est fermement opposée au collectivisme parce qu’il empêche l’homme de progresser en tant qu’individu responsable. Je suis clairement sur cette position.

L’évêque soutient votre démarche ?
J’ai eu l’aval de l’évêque au moment de Noël. Il m’a envoyé un mail pour dire qu’il me soutenait car je n’ai jamais pris parti en faveur d’un syndicat, mais par rapport à la doctrine sociale de l’Église.

On a l’impression que l’Église redécouvre sa doctrine sociale ?

Comme on ne parle de l’Église qu’à propos du préservatif on oublie tout le reste. Les chrétiens doivent être au cœur de la cité. Ce n’est pas nouveau et ce n’est pas parce qu’ils croient en Dieu qu’ils sont en dehors du monde. La messe se termine par « Allez, dans la paix du Christ » ça veut dire : engagez-vous. Les chrétiens redécouvrent l’engagement à la faveur de la crise. C’est vrai qu’ils avaient un peu oublié cet aspect de la foi et c’est bon qu’ils y reviennent.