Vendredi saint


Le pouvoir de Dieu, c’est l’absence de pouvoir de l’amour inconditionnel de Dieu qui nous est montré sur la croix. Dieu est le mendiant qui ne forcera pas son chemin dans nos maisons, à moins que nous ouvrions la porte. Dieu est avec nous à chaque instant avec les bras ouverts de l’amour, riant quand nous rions, pleurant quand nous pleurons, se réjouissant quand nous nous .réjouissons. De par l’abondance de l’amour divin, Dieu partage le caractère brisé de ce monde. Dans la vision de Bonaventure, c’est parce que Dieu est la fontaine de la plénitude de l’amour, que Dieu peut partager les souffrances de nos vies et ; au travers de ces souffrances, nous tire dans une vie nouvelle. Car l’amour de Dieu ne peut être ni vaincu par un pouvoir humain, ni conquis par une force humaine. L’amour de Dieu, montré à nous dans la faiblesse et l’absence de pouvoir de la croix, c’est le pouvoir de l’amour de guérir et transformer la mort en vie. C’est dans la souffrance de la croix que Dieu est le plus Dieu. À cet égard les mots vibrants de Dietrich Bonhoeffer, dans sa fameuse lettre du 16 juillet 1944, restent vrais

Dieu se laisse pousser hors du monde sur la croix. Il est faible et sans pouvoir dans le monde, et c’est précisément la façon, la seule façon, par laquelle il est avec nous et nous aide... La Bible mène l’homme à l’absence de pouvoir et à la souffrance de Dieu ; seul un Dieu qui souffre peut être une aide.

Avoir foi en un Dieu d’amour inconditionnel, c’est réaliser ;combien Dieu est intimement proche. Si proche que nos joies et nos peines, nos chagrins et nos tourments sont étroitement enveloppés dans l’humble étreinte de Dieu. Si proche, que nous ;oublions sa présence. En son temps, Jésus était immergé dans une culture violente, une culture de conflit et d’angoisse. Mais il connaissait aussi la vérité plus profonde, cachée sous la surface du jugement humain, à savoir que ce monde brisé et anxieux "suinte" Dieu. Il nous demandait d’avoir foi, de croire que le règne de Dieu est parmi nous et en nous. Ainsi que l’écrit Patrick Malone

La foi est plus qu’une formule magique pour vaincre l’inquiétude, le regret, la honte et les ressentiments qui obscurcissent nos perspectives et nous laissent blasés et fatigués. Avoir la foi ne retire pas toute trace d’égocentrisme et de doute. Ces choses font partie de la condition humaine. La foi est ce qui nous amène à la vérité la plus profonde... qui dit que nous sommes à l’image d’un amour illimité, sans restriction, inimaginable. Et quand nous oublions cela, comme Jésus l’a rappelé aux autorités religieuses de son temps, la religion devient un bouclier, une béquille, un refuge fermé, au lieu d’être une façon de nous jeter avec intrépidité dans un monde dur, sachant que c’est précisément là que nous découvrons un Dieu généreux.

Ilia Delio, L’humilité de Dieu, une perspective franciscaine