Frère Éric Bidot, ministre provincial, est allé avec frère Dominique Sauvenier, qui est au service de l’animation missionnaire de la province de France. Voilà ce qu’écrit frère Éric.
- Avec un famille indienne dont la maison vient d’être bénie
Au terme de ces quinze jours passés en Inde, dans les Provinces du Tamil Nadu Nord et Sud, et du Karnataka, voilà quelques impressions à partager.
Je souhaite ici remercier vivement les trois ministres provinciaux – frères Mathew , Sathian et Dolphy - et les frères qui nous ont accueillis chaleureusement et avec beaucoup d’attentions. Le sens de l’hospitalité est une réalité en Inde qui s’exprime de plusieurs manières : avec des fleurs ou un collier de diverses graines, par des paroles de bienvenue, une vraie disponibilité aux souhaits et besoins de l’hôte, le temps passé à l’accompagner, la prise en compte de sa difficulté à manger trop épicé …
- Frère Mathew et frère Eric signant le contrat de collaboration entre la province de France et celle du Tamil Nadu nord.
Le 20 novembre, avec le frère Mathew, nous avons signé un nouveau contrat de collaboration fraternelle entre nos deux Provinces du Tamil Nadu Nord et de France, pour six ans. Ce contrat intègre le statut des frères profès temporaires venus en France pour les études de théologie et la question de la prévention des abus sur mineurs ou personnes vulnérables. Je souhaite ici remercier vivement la Province du Tamil Nadu Nord pour sa confiance et sa fidélité dans la mission initiée voilà près de vingt ans.
Ce séjour fut l’occasion de rencontrer des frères. Nous avons revu des frères qui ont vécu en France, dans le cadre de la collaboration fraternelle ou les études : frères Thainis et Victor (étudiants à Bron), Antonydhass (maintenant curé près de Chennai), Arulraj (en attente de nomination), Henry Sebastian (vicaire de la fraternité de Chennai), Joseph-Xavier Soosai (père spirituel à la maison de philosophie de Kotagiri), Alywn Dias (étudiant à Paris et maintenant vicaire provincial de la Province du Karnataka). Le frère Prabhu (Paris) étant en vacances dans sa famille nous a également rejoints quelques jours. Venus à notre rencontre ou nous accompagnant, ce fut une joie de les revoir, dans leur pays, au milieu de leurs frères. Nous savons la
- Frères novices de plusieurs provinces indiennes, à Assisi Ashram, Pampanvilai, Tamil Nadu sud
vitalité de la vie capucine en Inde. Nous l’avons vue de nos yeux et appréciée, lorsque des frères nous expliquaient leurs engagements, pour lesquels ils se sont formés, acquérant une vraie compétence dans divers domaines (counselling, éducation, projets sociaux, …) ; lorsque des femmes et des enfants étaient rencontrés, accueillants et enjoués.
Au fil des journées nous avons visité une vingtaine de fraternités dans les trois Provinces et rencontré une centaine de frères vivant pour la plupart dans des fraternités de trois ou quatre membres. Pour un bref moment, toujours agrémenté de la tasse de thé ou d’un verre de jus de coco, ou pour une visite plus longue, voire une nuit, la diversité des implantations dans les trois Provinces est remarquable : maisons de formation (aspirat, noviciat dans le sud du Tamil Nadu, maison de théologie à Trichy et Bengalore), paroisses (à Chennai, à Mangalore …), provincialats (à Trichy, Madurai et Bengalore), écoles (à Rameshwaram, sur une île qui regarde le Sri Lanka, et à Bangalore), centre spirituel, centre de naturopathie (près de Trichy), œuvres sociales (maison de personnes âgés, accueil d’enfants handicapés ou d’orphelins, conseils et éducation des femmes dans les villages), et l’activité de counselling (à Anugraha et Mangalore). Ces visites ont représenté des centaines de kilomètres sur des routes généralement en très bon état, avec de fréquents coups de klaxon pour s’annoncer et des prises de risque assumées !
Ont aussi été évoquées les missions nombreuses confiées à nos frères des trois Provinces, en Inde même, dans le Nord-Est, au Sri Lanka, au Japon, au Burkina Faso et au Zimbabwe, et les collaborations en Europe (France, Italie, Catalogne) et aux États-Unis. Ce sont ainsi des dizaines de frères qui participent à la mission de l’Ordre.
Avec nos hôtes, nous avons découvert des lieux de fondation de la vie capucine dans le sud de l’Inde : à Pondichéry où les frères sont arrivés de France à partir de 1632 ; à Frangipet, où le premier noviciat du sud fut construit sur le Monte Mariano en 1930, sachant que dès 1927, l’Inde était devenue commissariat de la Province de Paris ; à Chennai où vécut le frère Éphrem de Nevers, mort sur place en 1695. Il semble que le frère Ephrem de Nevers soit une figure dont la mémoire mériterait d’être davantage honorée.
La situation politique et religieuse n’est pas simple. Hindous, musulmans et chrétiens vivent côte-à-côte, souvent bien, non sans tensions grandissantes et parfois dans l’affrontement. Un bout de terrain, un projet de construction … tout peut devenir prétexte à des affrontements. Ce qui frappe le frère occidental en visite, c’est aussi la vie laborieuse de la plupart des Indiens : de jour et de nuit, la plupart sont actifs, petits et grands commerces ouverts et bien achalandés, transports de marchandises en petite ou grande quantité. Six jours sur sept et jusque tard dans la nuit, peu de répit ! Des villes et des campagnes toujours en mouvement où chacun semble trouver une place et y persévérer, telle la conduite où voitures, bus, triporteurs et motos se faufilent, sans jamais se toucher, tout en avançant. Dans un autre domaine, la pudeur dans la manière d’être, de s’habiller et de se comporter dans la rue, entre amis ou entre hommes et femmes, est un bienfait pour chacun. Au Tamil Nadu, nous avons visité plusieurs temples hindous, nous faisant expliquer les symboles et les rites et avons découvert un monastère bénédictin reprenant des aspects de la symbolique hindoue. La société indienne se développe vite, très vite même pour certains, comme en témoigne la technologie de pointe en divers lieux, moins vite pour d’autres demeurant en des lieux précaires, avec des moyens de travail des plus rudimentaires.
- Notre Dame de bonne santé, de Vailankanni
Nous étions à Chennai lors d’un cyclone et nous avons constaté sur les routes les nombreux dégâts : arbres abattus ayant entraîné la mort de personnes et d’animaux, destructions de maisons, fils électriques à terre … Des manifestations, qui nous ont coupé la route à deux reprises, ont dénoncé la lenteur des réactions de la part des autorités. Le sanctuaire de Notre-Dame de Vailankanni (Bonne Santé) a été touché, une nouvelle fois. Nous nous sommes donc rendus au sanctuaire voisin de Trichy, Notre-Dame de Poondy, Vierge des Pauvres, à qui nous avons confié nos frères tamouls présents en France et la vie de nos frères, dans les Provinces traversées.
- Kanyakumari, où se rencontrent Océan indien, mer d’Oman et golfe du Bengale
Je voudrais encore dire le bien de ce voyage avec un autre frère, en l’occurrence ici le frère Dominique Sauvenier. Être à deux permet de partager des perceptions et de remarquer diverses choses, grâce au regard de l’autre. Dans son service de l’Animation missionnaire, avec les frères et laïcs qui l’accompagnent, frère Dominique est sensible à la dimension du témoignage par les photos, les actions et les paroles de ce qui peut exprimer notre vie en frères, soucieux de nous entraider les uns les autres dans nos diverses missions.
Une nouvelle fois, je souhaite vivement remercier nos hôtes pour leur accueil fraternel et généreux. Que le Seigneur donne sa paix à chacun et bénisse leurs missions confiées, dans l’Eglise et pour le service des personnes.
Fr. Eric Bidot, ministre provincial
- Accueil fleuri lors de la bénédiction d’une maison
- A Bengalore, remise de médailles après des compétitions sportives au collège tenu par les capucins